Avant que le chat ne soit élevé à la dignité de compagnon et d’animal familier pour des humains en mal d’affection, le contrat entre l’homme et le chat était fondé sur la capacité de l’animal à détruire les nuisibles. Dès l’instant où l’humanité a commencé à vouloir conserver des récoltes, le chat a eu un rôle à jouer, et il a assumé la part qui lui revenait avec un succès indiscutable.
Il n’y a pas si longtemps, on croyait qu’il fallait nourrir le moins possible les chats de ferme pour que ces chasseurs tuent un maximum de rats et autres rongeurs. Cela semblait l’évidence même, mais c’était faux. Les chats de ferme affamés se dispersaient sur un vaste territoire de chasse en quête de nourriture, et ils tuaient moins de rongeurs à l’intérieur de la ferme. Les chats nourris par le fermier restaient aux alentours de la ferme et leur score comme prédateurs d’animaux nuisibles était beaucoup plus élevé. Le fait qu’ils avaient déjà mangé et n’avaient pas particulièrement faim ne changeait rien au nombre de rongeurs qu’ils tuaient chaque jour, car, chez les chats, le besoin de chasser est indépendant du besoin de manger de manger.
Lorsque les fermiers eurent compris cela, ils furent également en mesure de garder leurs chats à proximité des fermes et de réduire des dégâts infligés aux récoltes, par les rongeurs. Quelques chats de ferme, bien soignés, parvenaient à limiter la prolifération des intrus, à condition toutefois qu’une invasion trop importante n’ait pas précédé leur arrivée.
D’après un spécialiste, le plus grand tueur de souris enregistré dans les annales était un chat de gouttière mâle vivant dans une usine du Lancashire, en Angleterre. Au cours de vingt-trois ans d’une existence particulièrement longue et bien remplie, il tua plus de 22 000 souris. Cela représente presque trois par jour, ce qui paraît correspondre à un régime raisonnable pour un chat domestique, compte tenu des en-cas distribués par le champion mondial des tueurs de rats. Cet honneur revient à une chatte de gouttière qui gagnait sa pitance au très regretté White City Stadium, à Londres. A
u cours d’une période de six ans seulement, elle a extrémité non moins de 12 480 rats, ce qui revient à une moyenne quotidienne de cinq à six rongeurs. Quel score fantastique ! On comprend aisément pourquoi les anciens Egyptiens se sont donné le mal de domestiquer cet animal étonnant, et pourquoi le fait d’en tuer un était passible de la peine de mort.