Vous avez beau adorer votre matou, il arrive qu’il vous sorte par les yeux. Surtout quand, alors que vous êtes plongée dans un épisode de Game of Thrones, il se met à miauler devant la porte du salon/du jardin/de la cuisine (rayez les mentions inutiles) dans l’espoir que vous lui ouvriez la porte. Ce qu’évidemment vous faites, en bon maître. Le problème, c’est que cinq minutes plus tard, rebelote. Votre chat attend à nouveau à ce que vous leviez pour lui ouvrir afin qu’il puisse rentrer (ou pas) dans la pièce.
Face à cette parade sans fin, vous soupçonnez votre chat d’être un peu pervers sur les bords ou bien d’adorer vous faire tourner en bourrique ? Sachez que vous avez tout faux. Eh oui, il a une explication scientifique à son comportement légèrement énervant : son caractère sauvage.
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…Pour miauler ensuite pour qu’on le laisse rentrer ?
Les chats détestent les portes. Dans l’histoire évolutive des félins, les portes ne passent tout simplement pas : elles restent une énigme. Elles sont là, constamment, à leur couper la route pendant leur ronde, les empêchent d’explorer leur domaine et de retourner ensuite selon leur gré à la sécurité de leur quartier général. Les humains ne comprennent pas toujours que le chat puisse avoir besoin de donner seulement un bref coup d’œil à son territoire, avant de rentrer au logis, disposant alors des informations nécessaires sur les faits et gestes des autres chats du quartier. Il aime accomplir ces tournées d’inspection à intervalles fréquents, mais ne tiens pas à rester dehors très longtemps, à moins qu’un changement particulier et inattendu soit intervenu dans l’état de la population féline locale.
La conséquence de ce besoin est ce que l’on pourrait prendre pour de la perversité de la part de nos chats d’intérieur. Quand ils sont dedans, ils veulent sortir ; quand ils sont sortis, ils veulent rentrer. Si le maître n’a pas fait installer une petite chatière sur la porte de derrière, il va faire l’objet de sollicitations incessantes, l’obligeant à prêter la main à son chat pour que celui-ci puisse accomplir ses tours réguliers du propriétaire. Une des raisons pour lesquelles ces vérifications répétées du monde environnant sont aussi importantes tient au système même du marquage à l’odeur. Chaque fois qu’un chat se frotte contre un repère situé sur son territoire, ou qu’il l’asperge d’urine, il laisse une odeur personnelle qui, immédiatement, commence à perdre de son pouvoir. Ce déclin s’effectue à une certaine vitesse, toujours la même, et grâce à ce message, d’autres chats peuvent déterminer depuis combien de temps tel repère n’a pas été frotté ou aspergé. Les tournées répétées du chat, pour inspecter son territoire, sont motivées par besoin de réactiver l’odeur volatile des signaux. Dés que sa tâche est accomplie, confort et sécurité lui tendent à nouveau les bras… et la face inquiète de notre petit félin apparaît pour la énième fois derrière le carreau.
Il ne faut pas oublier que les chats, malgré leur petite taille et leur adorable bobine, sont des animaux sauvages que nous avons au fil des siècles domestiqués. Même s’ils adorent se goinfrer de croquettes et faire la sieste sur le radiateur, ils sont encore aujourd’hui dominés par leurs instincts de félins et leur envie d’étendre et de protéger leur territoire. Or, si les portes sont pour nous de simples ouvertures à franchir, elles constituent pour eux des obstacles infranchissables qui perturbent l’inspection de leur territoire.
Voilà donc pourquoi votre chat miaule pour que vous lui ouvriez la porte. Et s’il veut à nouveau rentrer cinq minutes plus tard, c’est encore une fois dans un souci de marquer son territoire. En passant et en repassant au même endroit, il en profite pour se frotter aux murs et dépose ainsi ses phéromones, qui préviennent les autres matous du coin que cette aire de jeu lui appartient.
Et ne croyez pas que parce qu’il vit en appartement ou n’a qu’un petit jardin à sa disposition, votre chat n’a pas besoin d’étendre son territoire. Comme ses cousins sauvages, il a besoin de couvrir une immense surface pour montrer sa supériorité : 75 hectares (85 pour les chats sauvages), soit l’équivalent de 150 terrains de football. Ça en fait des portes à ouvrir sur une surface pareille.