Pourquoi le chaton lance-t-il parfois un objet en l’air quand il joue ?

Pourquoi le chaton lance-t-il parfois un objet en l’air quand il joue ?

Pourquoi le chaton lance-t-il parfois un objet en l’air quand il joue ?

La scène nous est suffisamment familière. Un chaton se fatigue de courir derrière une balle. Alors, brusquement, sans crier gare, il donne une chiquenaude sous la balle avec une de ses pattes, l’envoie en l’air et la fait passer derrière lui par-dessus sa tête. Tandis que la balle s’envole, le chaton fait demi-tour et la suit, l’attrape entre ses griffes et la « tue » encore une fois. S’il est confronté à une balle plus grosse, il opérera avec une légère variante, en utilisant les deux pattes avant en même temps pour envoyer l’objet, d’une pichenette, vers l’arrière.

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Ce comportement ludique est interprété d’ordinaire comme celui d’un chaton imaginatif et malin.

Étant donné que son jouet ne va pas s’envoler comme un oiseau vivant, le chat lui « donne vie » en envoyant la balle par-dessus son épaule, ce qui lui procure le plaisir de poursuivre la proie de remplacement la plus vivante, la plus sensationnelle. Ce qui porte à penser que le chaton est doué d’une faculté d’invention remarquable en ce qui concerne le jeu, puisqu’il invente un oiseau qui vole. Le fait qu’un chat adulte, chassant de vrais oiseaux, ne commettrait jamais ce geste de frapper d’une « pichenette » avec ses pattes avant corrobore cette théorie. Ce geste, affirment certains spécialistes, est un mouvement très imaginatif, qui reflète l’intelligence avancée du chaton.

Cette interprétation, malheureusement, est fausse.

Elle repose sur une certaine ignorance des gestes instinctifs du chat quand il chasse. A l’état sauvage, les chats ont trois différents types d’attaque, variant selon qu’ils chassent des souris, des oiseaux ou des poissons. Avec une souris, ils traquent, bondissent, bloquent avec les pattes avant, puis si l’oiseau s’envole, ils bondissent derrière lui, le frappant en même temps de leurs deux pattes avant. S’ils sont assez vifs pour immobiliser le corps de l’oiseau par ce mouvement de tenailles exécuté par les pattes antérieures, ils le plaquent au sol pour lui donner la mort. En revanche, leur manière d’attraper les poissons nous est moins familière. Voici comment le chat procède : il attend, couché au bord de l’eau ; puis, quand un poisson sans méfiance vient à passer, l’animal plonge la patte dans l’eau d’un geste vif, et la glisse rapidement sous le corps du poisson, qu’il envoie, d’une pichenette, hors de l’eau. La pichenette est dirigée vers l’arrière, par-dessus les épaules du chat, et elle suffit à propulser le poisson hors de son milieu aquatique. Tandis que le poisson ébahi atterrit dans l’herbe derrière le chat, celui-ci fait demi-tour et bondit sur sa proie. Si elle est trop grosse pour que les griffes d’une seule patte avant suffisent à lui faire fendre l’air, le chat peut s’aventurer à plonger dans l’eau les deux pattes antérieures en même temps, pour saisir par en dessous, toutes les griffes dehors, le poisson, et le lancer derrière lui, par-dessus sa tête.

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Or, ce sont précisément ces actes de pêche instinctifs que le chaton accomplit en donnant sa «chiquenaude » à la balle, et non quelque geste nouveau qu’il aurait appris ou inventé. Pour quelle raison n’a-t-on tenu aucun compte de cela dans le passé ? Tout simplement parce que peu de gens ont observé des chats capables de pêcher en pleine nature, alors que beaucoup ont vu leurs chats d’intérieur bondir après les oiseaux sur la pelouse du jardin.

Une étude réalisée par des Hollandais a pu montrer que le geste qui consiste à ramasser le poisson dans l’eau, à l’aide de la fameuse «chiquenaude », arrive à maturité très tôt, sans que l’apprentissage maternel  soit nécessaire. Les chatons qui ont eu la possibilité de pêcher régulièrement dès leur cinquième semaine, mais en l’absence de leur mère, devenaient, en deux semaines, des pêcheurs aguerris. Le chatons qui joue à lancer une balle par-dessus son épaule accomplit donc le même geste qu’il ferait pour de vrai, s’il était un petit chat, élevé en pleine nature, à proximité d’une rivière ou d’un étang.

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